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Affichage des articles du juin, 2021

Héritage

J’ai commencé à regarder le tennis à l’époque des premiers Roland Garros télévisés sur l’ORTF : je me rappelle José Luis Clerc en crampes à la fin d’un marathon de cinq heures, Manuel Orantes et son petit mouchoir, Guillermo Vilas peinant à servir à plat, Victor Peci et ses plongeons sur terre battue, Salomon, incapable de tenir l’échange et jouant des ballons, et surtout, je me souviens de Björn Borg. Je ne sais pas s’il était une grande vedette à l’époque, une star – comme on le dirait aujourd’hui – car je ne lisais pas les journaux, ni s’il avait du « charisme » – un mot qui s’emploie généralement pour signifier que quelqu’un est beau garçon (Borg était moche) – mais il était invincible. Mon joueur préféré était Jimmy Connors, et je désespérais de le voir battre Borg au moins une fois. Ma souffrance, après leur dernière demi-finale à Wimbledon, quand Jimmy lui avait infligé une bulle à la première manche pour perdre 6-4 à la cinquième, fut inimaginable. Borg était le plus grand, le

GOAT et fric

Quelques mots d’abord sur la longueur des carrières. Quand on compare les carrières de joueurs entre 1980 et 2005, il faut prendre en compte l’évolution des raquettes et des cordages. Ainsi, le seul joueur ayant fait son apprentissage avec une raquette en bois et qui a réussi sa conversion aux outils modernes en carbone a été Jimmy Connors, et il l’a fait trop tard, quand il avait déjà plus de 35 ans. D’un autre côté, John McEnroe a sévèrement payé son style de jeu mal adapté au tennis qui naissait au milieu des années 80. Tout ceci s’est reproduit dans la seconde partie des années 90, quand les cordages ont évolués : il n’y a qu’à comparer les finales de Roland Garros entre Sergi Bruguera et Jim Courier, et, quelques années plus tard, entre ce même Bruguera et Gustavo Kuerten : utilisant un cordage luxilon, Kuerten était capable de dompter sans difficultés le lift de l’espagnol et de remporter cette finale sans accrocs. La longévité d’un André Agassi est également dû à la curiosité d