Je reviens dans ces quelques lignes à quelques-uns de mes sujets favoris : à l'infanterie du tennis, aux jeunes, à l'élitisation.
Bien des joueurs ont détaillé combien il était difficile de passer de junior à la compétition sénior. Les tournois qui, autrefois, aidaient la transition, ont disparu. L'ATP et l'ITF ne permettent plus la création de nouveaux tournois, et le système de points est déséquilibré. Tout est fait, ou presque, pour rendre les premier pas des jeunes plus difficiles.
Personne ne peut me convaincre que les joueurs ont besoin d'attendre 25, 26 ou 27 ans pour percer. Car le tennis n'est pas seulement pour des grands vedettes qui ont une sécurité matérielle dès leur plus jeune âge, mais pour les autres aussi, qui peinent à rester à flot. L'argent dans les futures et les challengers ne permet pas de couvrir les frais, et, de plus, il n'y a pas assez de ces tournois. Mais plus que des challengers, ce sont des tournois mixtes qui font défaut, avec la participation de quelques joueurs du top 50 et de quelques joueurs du top 100, et un meilleur système de classement, comme l'Elo, employé par les joueurs d'échecs. Ce système n'est pas idéal, mais il est très supérieur à que ce nous offre l'ATP.
La course aux résultats, de plus, favorise largement les grosses carrures et les gros services, et ce type de joueurs, on le sait, est limité justement par leur taille et leurs lacunes physiques. Ce n'est pas par hasard qu'un Zverev flanche en GC : je me mets à penser qu'il n'est pas capable de tenir pendant cinq sets. Raonic est blessé en moyenne six mois par ans ; les exemples sont nombreux, malheureusement. Mais ce qui est tout aussi lamentable est que les gamins qui mûrissent physiquement sur le tard -- ici, je parle d'expérience, mon propre fils s'étant mis à grandir à treize ans -- restent sans bourses, sans aides, étant handicapés dans les compétitions entre 8 et 12 ans. La même situation se répète à 19, 20 ans : parmi les jeunes, seul un Borna Coric a réussi à percer sans grosse première balle (mais Borna Coric dispose d'un physique exceptionnel). Quand on regarde la taille des joueurs, une corrélation s'impose immédiatement : les 190+ cm rentrent dans le top 100 à 20 ans, les 185+ à 22 ans. Denis Shapovalov, protégé d'une riche fédération pauvre en talents, est une exception, ou, vu d'un autre angle, une confirmation : ce soutien lui a permis de librement étoffer son jeu et de brûler les temps de passage.
J'ai lu les réactions après la rencontre Zverev-Fritz. On a beaucoup vanté l'aptitude de remise en question et de récupération de Zverev. Ce qu'on a omis de dire est que Fritz n'a pas l'équipe de physio, d'entraineurs de l'Allemand, et que le résultat a basculé surtout parce que le jeune Américain a servi 31% de premières balles dans le quatrième set. Fritz est lui-même très avantagé par rapport à Lorenzo Sonego, qu'il a vaincu au premier tour. Par cet exemple je voulais pointer du doigt sur le manque d'expérience des jeunes, mais cette expérience fait défaut car ils n'ont pas où l'engranger, et, confronté à des équipes entières, ils ne font plus le poids. Les commentaires récents de Gulbis sur le circuit challenger sont, sur ce point, très révélateurs.
Le fait que des joueurs comme Federer, Nadal, Djokovic aient fait évoluer leur jeu n'est pas seulement le fruit de leur aptitude à se remettre en question : Djokovic peut engager les meilleurs entraîneurs, des spécialistes pour la volée, des analystes comme Craig O'Shannessy, et se préparer minutieusement pour chaque match. Mais tout le monde n'a pas des parents prêts à se sacrifier pour engager Nikola Pilic, ou la chance de buter sur Marian Vajda un gros jour de paie.
Le problème de la #nextgen, de la relève en tennis est un problème civilisationnel : seule une démocratisation des structures peut susciter un renouveau. Un nombre important de talents exceptionnels a coulé lors des dix dernières années pendant cette phase cruciale de transition, et ceux qui ont fait flot appartenaient majoritairement à de riches fédérations.
Il serait bien temps d'y remédier.
Bien des joueurs ont détaillé combien il était difficile de passer de junior à la compétition sénior. Les tournois qui, autrefois, aidaient la transition, ont disparu. L'ATP et l'ITF ne permettent plus la création de nouveaux tournois, et le système de points est déséquilibré. Tout est fait, ou presque, pour rendre les premier pas des jeunes plus difficiles.
Personne ne peut me convaincre que les joueurs ont besoin d'attendre 25, 26 ou 27 ans pour percer. Car le tennis n'est pas seulement pour des grands vedettes qui ont une sécurité matérielle dès leur plus jeune âge, mais pour les autres aussi, qui peinent à rester à flot. L'argent dans les futures et les challengers ne permet pas de couvrir les frais, et, de plus, il n'y a pas assez de ces tournois. Mais plus que des challengers, ce sont des tournois mixtes qui font défaut, avec la participation de quelques joueurs du top 50 et de quelques joueurs du top 100, et un meilleur système de classement, comme l'Elo, employé par les joueurs d'échecs. Ce système n'est pas idéal, mais il est très supérieur à que ce nous offre l'ATP.
La course aux résultats, de plus, favorise largement les grosses carrures et les gros services, et ce type de joueurs, on le sait, est limité justement par leur taille et leurs lacunes physiques. Ce n'est pas par hasard qu'un Zverev flanche en GC : je me mets à penser qu'il n'est pas capable de tenir pendant cinq sets. Raonic est blessé en moyenne six mois par ans ; les exemples sont nombreux, malheureusement. Mais ce qui est tout aussi lamentable est que les gamins qui mûrissent physiquement sur le tard -- ici, je parle d'expérience, mon propre fils s'étant mis à grandir à treize ans -- restent sans bourses, sans aides, étant handicapés dans les compétitions entre 8 et 12 ans. La même situation se répète à 19, 20 ans : parmi les jeunes, seul un Borna Coric a réussi à percer sans grosse première balle (mais Borna Coric dispose d'un physique exceptionnel). Quand on regarde la taille des joueurs, une corrélation s'impose immédiatement : les 190+ cm rentrent dans le top 100 à 20 ans, les 185+ à 22 ans. Denis Shapovalov, protégé d'une riche fédération pauvre en talents, est une exception, ou, vu d'un autre angle, une confirmation : ce soutien lui a permis de librement étoffer son jeu et de brûler les temps de passage.
J'ai lu les réactions après la rencontre Zverev-Fritz. On a beaucoup vanté l'aptitude de remise en question et de récupération de Zverev. Ce qu'on a omis de dire est que Fritz n'a pas l'équipe de physio, d'entraineurs de l'Allemand, et que le résultat a basculé surtout parce que le jeune Américain a servi 31% de premières balles dans le quatrième set. Fritz est lui-même très avantagé par rapport à Lorenzo Sonego, qu'il a vaincu au premier tour. Par cet exemple je voulais pointer du doigt sur le manque d'expérience des jeunes, mais cette expérience fait défaut car ils n'ont pas où l'engranger, et, confronté à des équipes entières, ils ne font plus le poids. Les commentaires récents de Gulbis sur le circuit challenger sont, sur ce point, très révélateurs.
Le fait que des joueurs comme Federer, Nadal, Djokovic aient fait évoluer leur jeu n'est pas seulement le fruit de leur aptitude à se remettre en question : Djokovic peut engager les meilleurs entraîneurs, des spécialistes pour la volée, des analystes comme Craig O'Shannessy, et se préparer minutieusement pour chaque match. Mais tout le monde n'a pas des parents prêts à se sacrifier pour engager Nikola Pilic, ou la chance de buter sur Marian Vajda un gros jour de paie.
Le problème de la #nextgen, de la relève en tennis est un problème civilisationnel : seule une démocratisation des structures peut susciter un renouveau. Un nombre important de talents exceptionnels a coulé lors des dix dernières années pendant cette phase cruciale de transition, et ceux qui ont fait flot appartenaient majoritairement à de riches fédérations.
Il serait bien temps d'y remédier.
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