J'ai dû relire mes billets précédents -- je ne savais pas que j'en avais écrit autant -- pour me rendre compte que j'avais traité de tous mes sujets favoris : les corporations, la mondialisation, la presse tennistique, Djokovic, Nadal, Murray, Federer et encore Djokovic. La seule chose que j'avais oublié de mentionner était la dévirilisation d'une société moderne fondée sur le parricide. Heureusement que ceci est un blogue de tennis et pas de sociologie, ou de grammaire comparée.
Pourtant, en regardant ce Wimbledon 2018, je n'ai pu m'empêcher de penser politique. Essayant de me replonger dans le milieu du tennis, j'ai tout d'abord consulté la presse, pour me rendre compte que bien avant le commencement du tournoi, le scénario de son déroulement était déjà écrit. Comme autrefois, il prévoyait, en finale, la mort glorieuse du taureau et les pirouettes gracieuses du matador. Par malheur, au tennis, bien qu'on puisse depuis longtemps truquer les tirages au [mauvais] sort et abuser de la programmation, des terrains et des conditions de jeu, on ne peut encore supplanter la réalité aride du court par la virtualité des narratifs. Non seulement le taureau ne se prête que rarement à l'exécution, mais cette année Kevin Anderson, lui non plus, n'avait goûté à Stroke of Genius, film publicitaire si prétentieux qu'il est bien difficile de lui en vouloir.
Mais j'éviterai cette fois-ci de m'en prendre encore à la presse pour l'avoir trop fait par le passé. De plus, si on soustrait l'influence grandissante des réseaux sociaux, rien, ou presque n'a changé. Je ne ferais que de me répéter.
Ce Wimbledon, bien que passionnant, n'a apporté rien de neuf : bien au contraire, il a confirmé le règne des Federer, Nadal et Djokovic, qui dure depuis plus d'une décennie. La #nextgen est restée aux abonnés absents -- ce qui n'étonne pas, vu le niveau intrinsèque des jeunes, qui est bien loin des trentenaires qui dominent le circuit.
On a eu les blockbusters habituels : Nadal--Del Potro et Nadal--Djokovic, la surprise ô si prévisible de Simon, qui met à mal un des favoris tous les deux chelems, et la défaite « stupéfiante » d'un des cadors, qui était, compte tenu de leurs âges, de la pression, et de la chance -- que l'on n'évoque jamais mais qui, pourtant, décide bien des rencontres -- dans l'ordre des choses.
Les joueurs qui ont fait impression ont été, comme beaucoup de fois, les deux meilleurs tennismen de cette décennie : Djokovic et Nadal, et le vainqueur du tournoi a été décidé, probablement, lors de leur demi-finale, par un passing et une glissade. Le niveau exceptionnel de Nadal n'était pas inattendu ; le renouveau de Djokovic est arrivé plus tôt que prévu. Federer a eu la malchance de tomber sur un Anderson dans un grand jour sur le court no 1, qui joue, d'après les commentaires de Rusedski, plus vite que le central, et a perdu cette rencontre à la fatigue.
D'autres joueurs ont fait de beaux parcours : Nishikori, qui a réussi son meilleur résultat sur gazon ; Gulbis a bien joué et a montré un professionnalisme qui lui manque d'habitude ; Monfils a perdu un match très serré contre le finaliste, Kevin Anderson ; Tsitsipas et Edmund, qui font de belles saisons, et Simon, qui a failli se placer en quart de finale. Je ne parlerai pas d'Isner. Je ne sais pas que dire à son sujet, sauf qu'il a un service exceptionnel.
Zverev, Dimitrov et Kyrgios ont déçu. Ou pas. Ils s'obstinent dans leurs piètre continuité, l'un en grand chelem, l'autre quand ça lui plait. Cilic, lui, a fait seppuku par un jour de pluie.
On a eu des controverses qui ont créées bien plus de buzz qu'elles ne le méritaient objectivement. La faute d'arbitrage incroyable de Jake Garner pendant le match Djokovic-Edmund, d'abord ; j'en suis resté béat. Il y a eu ensuite les péripéties de la programmation tendancieuse, l'affaire du toit, et, finalement, le traumatisme imbécile du cinquième set.
Ces chamailleries ont pimenté la quinzaine londonienne, et ont servi de rideau de fumée aux pourparlers bien plus sérieux qui ont été menés sur l'avenir du circuit, et dont on saura les résultats bientôt.
Que retenir de ce Wimbledon ? Un treizième titre pour Djoko, la suite de la domination des trois chimères de l'Ère open, qui totalisent, à présent, cinquante titres de grand chelem et qui détiennent quasiment tous les records. Et on ne voit pas encore qui pourrait leur couper la tête.
Pourtant, en regardant ce Wimbledon 2018, je n'ai pu m'empêcher de penser politique. Essayant de me replonger dans le milieu du tennis, j'ai tout d'abord consulté la presse, pour me rendre compte que bien avant le commencement du tournoi, le scénario de son déroulement était déjà écrit. Comme autrefois, il prévoyait, en finale, la mort glorieuse du taureau et les pirouettes gracieuses du matador. Par malheur, au tennis, bien qu'on puisse depuis longtemps truquer les tirages au [mauvais] sort et abuser de la programmation, des terrains et des conditions de jeu, on ne peut encore supplanter la réalité aride du court par la virtualité des narratifs. Non seulement le taureau ne se prête que rarement à l'exécution, mais cette année Kevin Anderson, lui non plus, n'avait goûté à Stroke of Genius, film publicitaire si prétentieux qu'il est bien difficile de lui en vouloir.
Mais j'éviterai cette fois-ci de m'en prendre encore à la presse pour l'avoir trop fait par le passé. De plus, si on soustrait l'influence grandissante des réseaux sociaux, rien, ou presque n'a changé. Je ne ferais que de me répéter.
Ce Wimbledon, bien que passionnant, n'a apporté rien de neuf : bien au contraire, il a confirmé le règne des Federer, Nadal et Djokovic, qui dure depuis plus d'une décennie. La #nextgen est restée aux abonnés absents -- ce qui n'étonne pas, vu le niveau intrinsèque des jeunes, qui est bien loin des trentenaires qui dominent le circuit.
On a eu les blockbusters habituels : Nadal--Del Potro et Nadal--Djokovic, la surprise ô si prévisible de Simon, qui met à mal un des favoris tous les deux chelems, et la défaite « stupéfiante » d'un des cadors, qui était, compte tenu de leurs âges, de la pression, et de la chance -- que l'on n'évoque jamais mais qui, pourtant, décide bien des rencontres -- dans l'ordre des choses.
Les joueurs qui ont fait impression ont été, comme beaucoup de fois, les deux meilleurs tennismen de cette décennie : Djokovic et Nadal, et le vainqueur du tournoi a été décidé, probablement, lors de leur demi-finale, par un passing et une glissade. Le niveau exceptionnel de Nadal n'était pas inattendu ; le renouveau de Djokovic est arrivé plus tôt que prévu. Federer a eu la malchance de tomber sur un Anderson dans un grand jour sur le court no 1, qui joue, d'après les commentaires de Rusedski, plus vite que le central, et a perdu cette rencontre à la fatigue.
D'autres joueurs ont fait de beaux parcours : Nishikori, qui a réussi son meilleur résultat sur gazon ; Gulbis a bien joué et a montré un professionnalisme qui lui manque d'habitude ; Monfils a perdu un match très serré contre le finaliste, Kevin Anderson ; Tsitsipas et Edmund, qui font de belles saisons, et Simon, qui a failli se placer en quart de finale. Je ne parlerai pas d'Isner. Je ne sais pas que dire à son sujet, sauf qu'il a un service exceptionnel.
Zverev, Dimitrov et Kyrgios ont déçu. Ou pas. Ils s'obstinent dans leurs piètre continuité, l'un en grand chelem, l'autre quand ça lui plait. Cilic, lui, a fait seppuku par un jour de pluie.
On a eu des controverses qui ont créées bien plus de buzz qu'elles ne le méritaient objectivement. La faute d'arbitrage incroyable de Jake Garner pendant le match Djokovic-Edmund, d'abord ; j'en suis resté béat. Il y a eu ensuite les péripéties de la programmation tendancieuse, l'affaire du toit, et, finalement, le traumatisme imbécile du cinquième set.
Ces chamailleries ont pimenté la quinzaine londonienne, et ont servi de rideau de fumée aux pourparlers bien plus sérieux qui ont été menés sur l'avenir du circuit, et dont on saura les résultats bientôt.
Que retenir de ce Wimbledon ? Un treizième titre pour Djoko, la suite de la domination des trois chimères de l'Ère open, qui totalisent, à présent, cinquante titres de grand chelem et qui détiennent quasiment tous les records. Et on ne voit pas encore qui pourrait leur couper la tête.
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