Charles Baudelaire n'avait pas vraiment de génie poétique, Stéphane Mallarmé non plus. Mais justement parce qu'ils n'avaient pas le sens du rythme, du son, de l'image, ils ont eu le mérite de penser la poésie, et de nous faire clairement découvrir que ce n'était pas que forme, mais une substance réelle.
Ce blogue peut déplaire -- et il déplaît, je n'en ai pas le moindre doute -- mais, avec les années, j'ai appris que tenter d'atteindre la substance devait être un but. Un bon tennis est forcément un beau tennis, et écrire sur le tennis devrait signifier justement ça : écrire sur le tennis. C'est bien souvent... ennuyant, car il n'y a rien à dire à ceux qui jouent eux-mêmes et comprennent, quant aux autres, ça ne sert à rien.
C'est pour ça que je ne fais pas des comptes rendus de matches, de tournois ; j'essaie principalement d'attirer l'attention sur certains détails qui auraient pu passer inaperçus. Très souvent, il faudrait se répéter ad nauseam : que Dimitrov manque de plan de jeu clair, tout le monde le sait ; que beaucoup de joueurs ne travaillent pas assez le premier coup après le service, n'en font pas un tout, évidemment ; qu'Andy Murray soit le vrai numéro un mondial, just for one day, finalement, tout le monde le sait aussi. Que les journalistes sont (notez l'emploi subtil de l'indicatif) des faux-culs, bon, on se passe du reste...
C'est pour ça que je me concentre sur les ajouts superflus, qui déforment l'essence et donne une vision bien fausse de notre sport ; sur « l'invisible », pour citer Stéphane Robert, cet invisible qui n'existe pas, mais qu'on aimerait tant. Surtout que cet « invisible » a un goût bien... (pré)visible : il est mijoté par les grandes sociétés publicitaires, répété partout, pour obtenir le consensus, un des plus sûr moyen de convaincre, persuader.
C'est une question de maturité, finalement, et le temps -- mesure de toutes choses -- finit par vous donner raison.
Hier, Juan Martin del Potro a battu Andy Murray en CD, dans un match passionnant et exténuant, qui a duré plus de cinq heures. J'avoue avoir savouré le match (que je n'ai regardé que par intermittence), parce qu'il a entériné plusieurs de mes suppositions : d'abord, que les Argentins allaient se battre très bravement : la guerre des Malouines est loin d'être oubliée ; ensuite, que la finale des JO était programmée de manière à favoriser le Britannique. Un de ses fans avait écrit, sur Tennis-x, que Del Potro ne pouvait pas gagner un match épuisant : on a bien vu que c'était faux, et que le coup de mou de l'Argentin, à Rio, était la conséquence du rythme infernal de sa partie du tableau. J'aime beaucoup le fait que ce match captivant ait duré plus de cinq heures. Je me demande seulement ce que va déclarer maintenant Murray sur le dopage en tennis. Ensuite, il paraît que Lendl ne serait plus son entraîneur -- le « vautour » a manqué son coup à l'omnium des États-Unis, un coup qui s'annonçait si facile, et, après des échecs à répétition, il se retire dans son antre, pardon, sur sa branche. (Et grâce aux FancyBears, il s'avère que j'avais également raison sur la WADA et le cas Sharapova : on ne peut se doper légalement que quand on est américain.)
Del Potro, lui, après ce dernier retour, a démontré que les victoires étaient non seulement la conséquence du jeu, mais de la maturité. Ce qui m' impressionne le plus, chez lui, c'est qu'il ne perd plus les matches qu'il doit gagner : depuis la saison sur gazon, il ne fait que confirmer, et ses résultats sont devenus prévisiblement bons. Bien sûr, il continue à se faire triquer par le meilleur joueur du monde, Philipp Kohlschreiber, mais c'était à anticiper.
Sur une surface au rebond assez bas et qui semblait ralentir le lift, les joueurs, hier, ont dû s'employer et jouer un tennis versatile et complet. On y a vu un emploi sage du revers slicé, beaucoup de montés au filet, de belles volées, d'excellents passings. La faiblesse du coup droit lifté de Murray était amplifiée sur la surface, mal choisie à mon avis. Le match, comme tant d'autres, a été décidé au courage aux moments décisifs, à la chance, et aucun des adversaires n'a démérité.
On revient à une forme de tennis en retrait depuis 2005, avec les ajustements nécessaires. C'est vrai aussi que les surfaces semblent être mieux calibrées, le rebond semblant devenir plus bas, en général, mais ce n'est juste qu'une impression pour le moment. Le tennis, bien que formaté -- ce qu'il a été depuis toujours -- sort, après une courte crise, de l'impasse causée par l'abus des nouveaux cordages.
Avec la maturité des joueurs, la maturité du jeu.
Ce blogue peut déplaire -- et il déplaît, je n'en ai pas le moindre doute -- mais, avec les années, j'ai appris que tenter d'atteindre la substance devait être un but. Un bon tennis est forcément un beau tennis, et écrire sur le tennis devrait signifier justement ça : écrire sur le tennis. C'est bien souvent... ennuyant, car il n'y a rien à dire à ceux qui jouent eux-mêmes et comprennent, quant aux autres, ça ne sert à rien.
C'est pour ça que je ne fais pas des comptes rendus de matches, de tournois ; j'essaie principalement d'attirer l'attention sur certains détails qui auraient pu passer inaperçus. Très souvent, il faudrait se répéter ad nauseam : que Dimitrov manque de plan de jeu clair, tout le monde le sait ; que beaucoup de joueurs ne travaillent pas assez le premier coup après le service, n'en font pas un tout, évidemment ; qu'Andy Murray soit le vrai numéro un mondial, just for one day, finalement, tout le monde le sait aussi. Que les journalistes sont (notez l'emploi subtil de l'indicatif) des faux-culs, bon, on se passe du reste...
C'est pour ça que je me concentre sur les ajouts superflus, qui déforment l'essence et donne une vision bien fausse de notre sport ; sur « l'invisible », pour citer Stéphane Robert, cet invisible qui n'existe pas, mais qu'on aimerait tant. Surtout que cet « invisible » a un goût bien... (pré)visible : il est mijoté par les grandes sociétés publicitaires, répété partout, pour obtenir le consensus, un des plus sûr moyen de convaincre, persuader.
C'est une question de maturité, finalement, et le temps -- mesure de toutes choses -- finit par vous donner raison.
Hier, Juan Martin del Potro a battu Andy Murray en CD, dans un match passionnant et exténuant, qui a duré plus de cinq heures. J'avoue avoir savouré le match (que je n'ai regardé que par intermittence), parce qu'il a entériné plusieurs de mes suppositions : d'abord, que les Argentins allaient se battre très bravement : la guerre des Malouines est loin d'être oubliée ; ensuite, que la finale des JO était programmée de manière à favoriser le Britannique. Un de ses fans avait écrit, sur Tennis-x, que Del Potro ne pouvait pas gagner un match épuisant : on a bien vu que c'était faux, et que le coup de mou de l'Argentin, à Rio, était la conséquence du rythme infernal de sa partie du tableau. J'aime beaucoup le fait que ce match captivant ait duré plus de cinq heures. Je me demande seulement ce que va déclarer maintenant Murray sur le dopage en tennis. Ensuite, il paraît que Lendl ne serait plus son entraîneur -- le « vautour » a manqué son coup à l'omnium des États-Unis, un coup qui s'annonçait si facile, et, après des échecs à répétition, il se retire dans son antre, pardon, sur sa branche. (Et grâce aux FancyBears, il s'avère que j'avais également raison sur la WADA et le cas Sharapova : on ne peut se doper légalement que quand on est américain.)
Del Potro, lui, après ce dernier retour, a démontré que les victoires étaient non seulement la conséquence du jeu, mais de la maturité. Ce qui m' impressionne le plus, chez lui, c'est qu'il ne perd plus les matches qu'il doit gagner : depuis la saison sur gazon, il ne fait que confirmer, et ses résultats sont devenus prévisiblement bons. Bien sûr, il continue à se faire triquer par le meilleur joueur du monde, Philipp Kohlschreiber, mais c'était à anticiper.
Sur une surface au rebond assez bas et qui semblait ralentir le lift, les joueurs, hier, ont dû s'employer et jouer un tennis versatile et complet. On y a vu un emploi sage du revers slicé, beaucoup de montés au filet, de belles volées, d'excellents passings. La faiblesse du coup droit lifté de Murray était amplifiée sur la surface, mal choisie à mon avis. Le match, comme tant d'autres, a été décidé au courage aux moments décisifs, à la chance, et aucun des adversaires n'a démérité.
On revient à une forme de tennis en retrait depuis 2005, avec les ajustements nécessaires. C'est vrai aussi que les surfaces semblent être mieux calibrées, le rebond semblant devenir plus bas, en général, mais ce n'est juste qu'une impression pour le moment. Le tennis, bien que formaté -- ce qu'il a été depuis toujours -- sort, après une courte crise, de l'impasse causée par l'abus des nouveaux cordages.
Avec la maturité des joueurs, la maturité du jeu.
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