Le titre est, comme on pouvait s'attendre d'un faux-jeton comme moi, trompeur : il ne s'agit pas de tennis en trois dimensions, mais d'un clin-d’œil à l'un des rares fans de Novak sur les « As du tennis » , Daniel, nom de plume Danydanydany, autrement dit -- 3D.
Il y a deux jours, 3D écrivait, sous forme de commentaire, l'ébauche d'un article quasiment, une réflexion bien articulée sur le comportement de la belle Eugénie Bouchard. Je ne suis pas spécialement la carrière de la canadienne pour savoir si 3D a raison ou pas, mais la première chose à laquelle j'ai pensé était celle-ci:
https://www.youtube.com/watch?v=dIPNvq6Awj0
et dans mes égarements, pérégrinations ultérieures, je me suis mis à suivre plusieurs filières de pensée très éloignées les unes des autres. D'abord, je comprends bien les Bouchard (si c'est le cas) et les Tomic de ce monde, qui, avant d'avoir goûté aux raisins amers de la vie, se retrouvent riche à millions parce que, non seulement ils frappent une petite balle jaune un peu mieux que les autres, mais ils sont nés au bon moment et au bon endroit, chouchoutés par leurs parents, la fédération de tennis du pays, et qu'ils ont trouvé une place au soleil dans le système ultra-élitiste et cancéreux du sport actuel.
La réorganisation du système de tournois de 1990, la création officielle de masters obligatoires, et suite à cela, les changements dans la pratique des grands sponsors (l'entrée de Nike et Adidas sur le marché), ont asséché considérablement le sol dont le tennis se nourrissait au moment même où la globalisation du tennis, des revenus montants, pouvaient l'épandre fortement. L'année dernière, le meilleur joueur au monde -- pour rafraîchir la mémoire aux fedfans, Novak Djokovic -- a gagné plus que le reste du top 10, et le reste du top 10 a encaissé plus d'argent que le reste du top 100. Et je n'inclus ici que les bourses des tournois. Au dessous de la centième place, on ne gagne presque rien.
L'ATP, sur le long terme, a choisi la mauvaise direction : plus de tournois type ATP 500, moins de rencontres des joueurs au sommet, auraient démocratisé et enrichi le sport, et diversifié les contrats publicitaires. On a voulu que le tennis reste un sport de riches, et pour les riches. Aujourd'hui, on paie l'addition, quand, après une génération exceptionnelle, on ne voit plus rien à l'horizon. Trop de talents sombrent sous une pression constante pour juste gagner leur pain, au moment où une percée au sommet requiert une équipe fort coûteuse, semblable aux teams de formule un. Pas la peine de mentionner des Harrison, Krajinovic ; prenons seulement les champions du monde juniors 2005-2012 : Filip Peliwo, Jiri Vesely, Juan Sebastian Gomez, Daniel Berta, Tsung-Hua Yang, Ricardis Berankis, Thiemo de Bakker, Donald Young. Combien font aujourd'hui part du top 50 ? Remarquez aussi que ceux qui sont sur le point de réussir, comme Fritz, Zverev, Kyrgios, arrivent tous de pays économiquement puissants. Je ne miserais pas trop sur la carrière de Rublev...
Vivant et entraînant des gosses démunis dans le pays de Djokovic, qui peinent à changer leurs cordages, qui ne disposent que d'une raquette et jouent avec des balles Roland Garros 2013, et qui n'ont absolument aucune chance de payer un entraîneur de qualité pour des cours individuels, j'en ai le cœur gros. Pour avoir une petite chance de réussir dans leur sport adoré, il faudrait qu'ils remportent le championnat du pays avant l'âge de quatorze ans. Il serait indispensable que leurs parents soient de la capitale et aient des relations avec des fonctionnaires de la fédération. C'est ce qui rend l'exploit de Novak plus particulier encore : ses parents n'avaient rien de tout cela et Nole, en dépit de ses résultats, était resté sans aides financières. On me répondra que ses parents appartenaient à la classe moyenne -- mais cette classe moyenne, dans un pays ravagé par la guerre, est fortement paupérisée et ne gagnait rien certaines années. Et « rien » n'est pas une hyperbole, malgré l'agacement de ceux qui ne croient pas aux théories du complot.
Cette dimension de Djokovic, en dépit de tous les textes mélodramatiques sur son enfance, qui font flop parce que leurs lecteurs n'ont jamais connus la guerre, la faim, la vraie misère, l'élève bien au dessus de ses rivaux, pour lequel le tennis était une partie de plaisir et une question de réussite, alors que c'était, pour lui, un combat pour la survie.
Merci 3D de m'avoir inspiré ces lignes.
À bientôt.
Il y a deux jours, 3D écrivait, sous forme de commentaire, l'ébauche d'un article quasiment, une réflexion bien articulée sur le comportement de la belle Eugénie Bouchard. Je ne suis pas spécialement la carrière de la canadienne pour savoir si 3D a raison ou pas, mais la première chose à laquelle j'ai pensé était celle-ci:
https://www.youtube.com/watch?v=dIPNvq6Awj0
et dans mes égarements, pérégrinations ultérieures, je me suis mis à suivre plusieurs filières de pensée très éloignées les unes des autres. D'abord, je comprends bien les Bouchard (si c'est le cas) et les Tomic de ce monde, qui, avant d'avoir goûté aux raisins amers de la vie, se retrouvent riche à millions parce que, non seulement ils frappent une petite balle jaune un peu mieux que les autres, mais ils sont nés au bon moment et au bon endroit, chouchoutés par leurs parents, la fédération de tennis du pays, et qu'ils ont trouvé une place au soleil dans le système ultra-élitiste et cancéreux du sport actuel.
La réorganisation du système de tournois de 1990, la création officielle de masters obligatoires, et suite à cela, les changements dans la pratique des grands sponsors (l'entrée de Nike et Adidas sur le marché), ont asséché considérablement le sol dont le tennis se nourrissait au moment même où la globalisation du tennis, des revenus montants, pouvaient l'épandre fortement. L'année dernière, le meilleur joueur au monde -- pour rafraîchir la mémoire aux fedfans, Novak Djokovic -- a gagné plus que le reste du top 10, et le reste du top 10 a encaissé plus d'argent que le reste du top 100. Et je n'inclus ici que les bourses des tournois. Au dessous de la centième place, on ne gagne presque rien.
L'ATP, sur le long terme, a choisi la mauvaise direction : plus de tournois type ATP 500, moins de rencontres des joueurs au sommet, auraient démocratisé et enrichi le sport, et diversifié les contrats publicitaires. On a voulu que le tennis reste un sport de riches, et pour les riches. Aujourd'hui, on paie l'addition, quand, après une génération exceptionnelle, on ne voit plus rien à l'horizon. Trop de talents sombrent sous une pression constante pour juste gagner leur pain, au moment où une percée au sommet requiert une équipe fort coûteuse, semblable aux teams de formule un. Pas la peine de mentionner des Harrison, Krajinovic ; prenons seulement les champions du monde juniors 2005-2012 : Filip Peliwo, Jiri Vesely, Juan Sebastian Gomez, Daniel Berta, Tsung-Hua Yang, Ricardis Berankis, Thiemo de Bakker, Donald Young. Combien font aujourd'hui part du top 50 ? Remarquez aussi que ceux qui sont sur le point de réussir, comme Fritz, Zverev, Kyrgios, arrivent tous de pays économiquement puissants. Je ne miserais pas trop sur la carrière de Rublev...
Vivant et entraînant des gosses démunis dans le pays de Djokovic, qui peinent à changer leurs cordages, qui ne disposent que d'une raquette et jouent avec des balles Roland Garros 2013, et qui n'ont absolument aucune chance de payer un entraîneur de qualité pour des cours individuels, j'en ai le cœur gros. Pour avoir une petite chance de réussir dans leur sport adoré, il faudrait qu'ils remportent le championnat du pays avant l'âge de quatorze ans. Il serait indispensable que leurs parents soient de la capitale et aient des relations avec des fonctionnaires de la fédération. C'est ce qui rend l'exploit de Novak plus particulier encore : ses parents n'avaient rien de tout cela et Nole, en dépit de ses résultats, était resté sans aides financières. On me répondra que ses parents appartenaient à la classe moyenne -- mais cette classe moyenne, dans un pays ravagé par la guerre, est fortement paupérisée et ne gagnait rien certaines années. Et « rien » n'est pas une hyperbole, malgré l'agacement de ceux qui ne croient pas aux théories du complot.
Cette dimension de Djokovic, en dépit de tous les textes mélodramatiques sur son enfance, qui font flop parce que leurs lecteurs n'ont jamais connus la guerre, la faim, la vraie misère, l'élève bien au dessus de ses rivaux, pour lequel le tennis était une partie de plaisir et une question de réussite, alors que c'était, pour lui, un combat pour la survie.
Merci 3D de m'avoir inspiré ces lignes.
À bientôt.
Shapovalov vient de battre Kyrgios, dominant les échanges, contre un Kyrgios boiteux au service (18 DF). Bien à propos.
RépondreSupprimerhttp://opencourt.ca/
RépondreSupprimerEst un autre site qui nous faire connaitre le tennis au Canada, par Stephanie Myles (une ancienne joueuse canadienne)
site de Caro (fan de tennis Argentin): http://www.batennisworld.com/
RépondreSupprimerTBK...
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/Federer/posts/10154337738059941
https://paulcarnet.wordpress.com/2016/07/28/a-la-defense-deugenie/
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