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Toronto, en passant

Je viens de jeter un coup d’œil sur la finale des qualifications pour l'Open du Canada. Beaucoup d'excellents joueurs, qui savent tout au tennis, et qui, pourtant, pataugent derrière la centième place au classement ATP, pour des raisons diverses : âge, manque de puissance, retour de blessure, nerfs un peu plus fins, par défaut d'argent... il y a tant de causes, ce qui m'a fait penser à une phrase célèbre de Léon Tolstoï : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Les histoires à succès se ressemblent ; mais les échecs sont tous différents.

Alors, loin de regretter l'absence de ceux qui manquent à l'appel, je vais espérer trouver sur des streams les matches du premier tour, pour regarder certains de ces qualifiés, en espérant en voir même sur le court central. Tiens, j'en devine bien un battre « barbapapa » Tomic ; un autre mettre à mal Paire le Pugnace (ce joueur qu'on admire tant pour son « touché », alors qu'il s'est fait une place au soleil surtout grâce à sa puissance et son service ; Smyczek, qui n'a pas deux points gratuits par jeu, ne peut se permettre de faire des âneries pour prouver qu'il a de la finesse) ; finalement, une histoire à la Stéphane Robert ne serait pour me déplaisir.

On me dira qu'on ne mérite rien en sport, et que le sens de la justice y est très éloigné du kitsch -- les forts, comme dans la nature, dévorent les faibles. Pourtant, chacun devrait mériter d'un peu de chance, même dans le monde futile du tennis.

Car le hasard continue à mal faire les choses : des croates qui se rencontrent au premier tour -- et pas seulement eux, on dirait que le tirage a été fait en fonction des pays d'origine (sait-on que Goffin est belge, pas français, outre Atlantique ?) -- des Raonic - Goffin à répétition, les « stars de demain » qui se rencontrent immédiatement, Djokovic vs les gros serveurs... on s'est déjà habitué. Tout est fait pour avoir du suspense au fil des tours. Depuis que les sociétés de pari en ligne financent le sport, c'est Ridley Scott qu'on engage pour la programmation des tournois.

Ce qui n'est pas si mal que ça... pour nous autres, membres de la plèbe à laquelle on ne donne pas de pain, mais qu'on abreuve bien de jeux. Espérons du beau temps, et de belles rencontres.

À bientôt.

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