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The innocent bystander

Il y a des joueurs que l'on n'aime pas. C'est toujours irrationnel -- tout comme notre adhérence à d'autres joueurs est irrationnelle, ou, sur un plan plus profond, notre amour du tennis, et plus généralement du sport, ne fait pas beaucoup sens. Dans mon cas, il y en a deux parmi les joueurs actifs : Rafa, qui a battu Novak et Fed bien trop souvent pour que je puisse lui pardonner sincèrement, et Murray, qui a le malheur, à mes yeux, d'être le chouchou des organisateurs et de la presse, sans mérite aucun.

Comme nous le voyons, mes motifs sont bien subjectifs, et le péché majeur du Taureau et du Muzzérable est de m'avoir contrarié dans ce monde étrange qu'est celui du fan. Du moins, j'en suis conscient: tout comme le mythe de la supériorité occidentale déforme la vision d'autres amateurs de tennis, la cruauté et les vices de ce même monde -- auquel j'appartiens, et dont je suis autrement fier -- comme ces miroirs magiques dans les foires, dénaturent la mienne.

De temps en temps, j'ai des accès de remords. J'ai même honte un peu, pas trop quand même. Et puis, je lis la presse, et immédiatement, je me sens mieux : il y a pire que moi. D'abord, je meurs de rire en savourant ces lignes succulentes :

« As a sportswriter, the first rule is “no cheering in the press box.” Well, no, actually [...] But somewhere near the front is the no-cheering thing.

It makes sense really. A good sportswriter should have passion [...] Passion for a team or player can get in the way of that. It can make close calls look like referee blunders (or, in the extreme, referee dishonesty). It can make a person overlook the other side. Nobody would want a sportswriter to be bloodless, to lose their emotion or a love of sports. But, yeah, no cheering in the press box. »

Car malheureusement, c'est bien loin de la vérité, à quelques exceptions près (Laurent Vergne me vient à l'esprit, Steve Flink aussi, et le regard détaché du meilleur, Jesse Pentecost qui, malheureusement, n'écrit plus sur le tennis). Il y a, d'abord, les journalistes-fans purs. Il y a ensuite les journalistes mercenaires, qui peuvent en même temps être des fans. Finalement, il y a les perroquets, qui eux aussi, peuvent être des fans, mais qui sont trop insignifiants pour être mercenaires. Zut ! En vérité, c'est plus simple et plus compliqué que ça : ils sont tous fans, mercenaires et perroquets à la fois.

John Wertheim, fan de Federer et de Serena, est si malade des mauvais résultats de La Mauve et de la blessure du Suisse qu'il a décrit l'an 2016 comme « the worst ever » -- rien ne s'y passerait, même pas un grand chelem sur deux saisons, exploit inédit depuis plus de quarante ans.

Caroline Paquin, elle, se méprend sciemment sur le soutien du public dans la rencontre Djokovic -- Del Potro ; reprenons, comme elle le fait d'ailleurs, un reporter écrivant de Rio :

« Then came Djokovic. The roar was deafening. [...] It turns out, after speaking to some Brazilians, that Djokovic and Federer are tennis gods here, even more than Nadal. »

Mais notre chère Caro aime tellement Djokovic pour les mêmes raisons que j'adore Nadal : parce que Djokovic a fait saigner son cœur de fan abondamment. Heureusement qu'il n'est pas argentin, et qu'elle peut l'ignorer magnanimement la plupart du temps.

Au moins, Savannah (de Savannah's world) et Caro sont honnêtes dans leur malveillance. Il leur manque la perversité intellectuelle des Simon Chambers, Kevin Mitchell et autres Britanniques qui, bien que proclamant après chaque victoire qu'Andy Murray est le numéro un en puissance, rendent sincèrement (nan, mais je me fiche du monde ?) hommage à ses bourreaux, Federer et Djokovic la plupart du temps. Ainsi, non seulement les victoires de l'Écossais sont éclatantes, mais ses défaites restent honorables.

Pourtant, même en G.B., les cas de dénie de la réalité abondent : mentionnons ce délicieux article de Roger Federer missing rest of the year, Rafael Nadal still injured - are we about to return to the lean years of the early 2000s? ». Le mec doit avoir dormi les cinq dernières années.

Finalement, parlons des mercenaires -- de ceux qui endossent faussement la chemise de l'objectivité pour mieux faire passer les messages de leurs maîtres : des Tignor, des Zemek et autres. Leur intégrité est telle que le fameux « Onion » a jugé bon de leur consacrer un article : « Roger Federer On Winning Australian Open: 'I'm Not Roger Federer, I'm Novak Djokovic ». Beaucoup s'y sont mépris, tant l'entrefilet avait l'air sérieux.

Tignor, lui, a longuement préparé le terrain pour la future goatitude de Rafa, un projet amorcé en 2008 au moins, et qui a, malheureusement, fait flop ; aujourd'hui, toute honte bue et avec moins d'inspiration, il fait de même pour le chouchou actuel du corporate world, Andy Murray. Il écrit bien, le bougre, à en faire oublier la réalité. Après Roland Garros, il pondait un article faramineux sur Murray, selon lui « le joueur le plus influent » de l'ère des Federer, Nadal et Djokovic. C'était osé, et on s'est moqué de lui. Il le méritait bien, d'ailleurs.

Ben Rothenberg, Douglas Perry et similaires ne sont pas meilleurs : tout comme Tignor, mais moins discrètement, moins insidieusement, par le rabâchage incessant des mêmes sujets -- dont le plus populaire était « la rivalry » qui, pour un spectateur tant soit peu objectif, n'est rien de plus qu'une fessée rituelle que l'Espagnol inflige au Suisse, et surtout par l'omission, le silence sous lequel ils passent certains résultats, ils essaient de sauvegarder la GOAT industrie, la poule aux œufs d'or de Nike.

Je ne m'en serais pas rendu compte, finalement, s'il n'y avait eu ce silence assourdissant lorsque Djokovic a remporté son quatrième tournoi du grand chelem de suite. Tignor l'a mentionné en une ligne ; la presse anglo-saxonne, dans son ensemble, n'a parlé que du grand chelem de carrière. (Par la suite, j'ai même découvert que l'ITF avait changé sa définition du « grand chelem » en 2012, après l'Australian open.) Dans une conversation sur Tweeter Juan-Jose Vallejo et Carole Bouchard dévoilaient que ce n'était pas la conséquence des préférences des journalistes, mais que le vent soufflait d'une autre direction.

Dans la conjoncture actuelle, où tant de média sportifs sont en difficultés, c'est facile à comprendre. Mais il faudrait tout de même en tenir compte : ainsi, le « plus grand match de tous les temps » l'est-il vraiment ? Car à le revoir, on se dit que le Federer de 2014 mettrait au Rafa de 2008 une franche déculotté ; et si c'est le suspense qui était l'argument décisif, et non pas l'attractivité corporative des joueurs, alors la finale de 2009 avait aussi de la valeur, non ? De plus, quand on sait que les joueurs qui prennent plus de risques sont très désavantagés dans les conditions dans lesquels le match s'était fini, on se demande si cette rencontre avait gardé toute sa régularité. 

Cela permet d'ouvrir les yeux sur cette prétendue « rivalry » : son but ultime est la promotion de Rafa, tant le résultat y est déséquilibré. Car on se demande aussi comment le joueur qui s'y est fait humilier, surtout en grand chelem, peut, objectivement, être « le plus grand joueur de tous les temps » : il faudrait un peu de recul, et on devrait probablement expliquer d'autres choses dont on ne parle pas trop : le fait qu'il n'ait que très rarement joué son grand rival sur surface rapide, comme par hasard, ou alors que la surface de l'USO dès 2009 ait été ralentie, comme par hasard. Les 12 fois de suite où une demie Federer-Djokovic était au programme des trois tournois du grand chelem qui ne se jouent pas sur surface ocre (15 fois sur 16 en quatre ans, Roland Garros y compris), par quel hasard ? Mais ce n'est pas nos média qui vont sonner l'alarme. Bien au contraire.

On a pu voir émerger « la narrative » aisément : profiter de Federer pour mieux promouvoir son cadet, nouveau GOAT en puissance. Aujourd'hui, quand le projet « Rafa » semble s'être piteusement terminé (ce qui me semble prématuré, no ?), on joue sur la carte Murray pour conserver le status quo. Mieux vaut Federer que rien. De l'autre côté, la relation amoureuse des média anglo-saxon avec Djokovic, le vilain, ressemble au pâté d’alouette : une alouette pour ses nombreux succès, un cheval pour ses rares revers.

Pour finir, ce qui me fait marrer, c'est cette fraîche bromance des fans de Fed et de Rafa -- alors que c'est ce Djokovic unanimement détesté qui aura sauvegardé la legacy du Suisse. Et ne vous y trompez pas : Federer, qui n'est pas bête, en est bien conscient. (Tout comme nos journalistes, je sais éminemment ce qu'il pense.) 

À bientôt.

Commentaires

  1. Wow ... Excellent billet! Pour ce qui est de Murray, c'est un très bon joueur, pas un grand comme le sont Federer, Nadal et Djokovic. L'écossais a quoi, quatre GC, alors que les trois autres sont au-dessus de la dizaines.

    Je pense que Federer mérite toujours sont titre de GOAT même si sa fiche contre Nadal est négative. Ne pas oublier que le fait d'être gauche donne un immense avantage sur Federer et en fait, sur la grande majorité des joueurs.

    Petite confidence de ma part, je pense qui si Nadal avait été droitier, il n'aurait sans doute jamais gagné un GC. L'idée d'en faire un gaucher a été une idée de génie.

    Monfils a perdu un excellent quart de finale contre Nishikori plus tôt aujourd'hui. Il menait 4-1 au bris du troisième set et a bousillé (smash dans les mains du japonais) un point qui lui aurait permis de faire 5-1. Comme il arrive souvent dans ces situations, cela a permis à Nishikori de revenir et de gagner le bris 8-6 et le match: Bravo! Monfils va probablement avoir des cauchemars d'avoir été si près d'une victoire et d'une place en demi aux JO.

    Donc, une demie entre Del Potro et Nadal et l'autre entre Murray et Nishikori.

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  2. Merci, Apo. Je voudrais délimiter encore une fois le vrai monde des joueurs de la « narrative » qu'on crée autour d'eux, et les joueurs eux-mêmes du monde corporatif qui fabrique leur image à son gré, une image contre laquelle ils luttent bien souvent.

    J'ai pensé comme toi, au sujet de Rafa, mais à présent, je ne suis plus sûr. Mon fils est gaucher, et ça présente des avantages, c'est vrai, mais des inconvénients aussi. Je suis enclin à penser que Rafa serait le même champion qu'il est aujourd'hui, avec un style de jeu différent.

    Le titre de GOAT, pour nous, c'est un passe-temps, mais à une échelle plus grande, c'est une industrie qui rapporte beaucoup. Rien que les quatre GC font plus d'un milliard de chiffre d'affaires, en quelque monnaie qu'on s'exprime. Les revenus indirects doivent être plusieurs fois supérieurs : les paris, l'équipement, etc. Rien d'étonnant que l'intérêt des joueurs ne soit pas toujours au premier plan.

    Gaël reste fidèle à soi-même, malheureusement. J'espérais une médaille, d'or, mettons.

    Finalement, je voudrais encore une fois m'excuser pour la modération. Je ne sais pas comment faire pour que les commentaires apparaissent immédiatement.

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  3. Il serait rafraîchissant si un de nos journalistes tant estimés écrivait une ligne ou deux sur la programmation des tournois. Le tournoi olympique masculin est, sur ce point, la continuation d'une pratique scandaleuse qui vise à amplement favoriser un joueur, le musérable Vautour en l'occurrence.

    C'en était de même à Wimbledon, et à Roland Garros, et à Rome.

    J'ai déjà mentionné les tirages au sort: à l'AO, Novak se paie Fed, à Roland Rafa est dans sa partie du tableau, à Wimbledon, Federer encore.

    Alors, les autruches, où êtes-vous ?

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  4. Argh ... S'il y avait eu une justice, Del Potro l'aurait emporté, mais pas dans ce cas et Murray se sauve avec l'or.

    L'écossais pourrait dire qu'il a été chanceux cet été; à Wimbledon, il n'a pas eu dans les jambes Federer, Djokovic et Nadal. A Rio, il rencontre Nishikori qui sortait d'un marathon contre Monfils, Murray l'emporte facile et aujourd'hui contre Del Potro qui lui aussi sortait d'un marathon contre Nadal. Del Potro aura néanmoins une belle bataille. On regrette toutes ces blessures qui auront hypothéqué ce qui s'annoncait comme une très belle carrière. On peut espérer qu'il va avoir la paix des blessures pour nous donner du beau tennis pendant quelques années, Dieu sait que le tennis masculin a besoin d'air frais.

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    1. Cher Apo, crois-tu vraiment que c'est de la chance ? Moi, désolé, je refuse de me faire prendre pour un âne bâté. D'abord, j'aurais peut-être pu croire au tirage au sort clément si, malheureusement, depuis le début de l'année, Murray n'avait que des tirages cléments : en Australie, c'est Djoko qui se prend Fed, à Paris, Djoko se prend Rafa, à WB, Fed encore une fois dans la partie de Djoko, etc. Il n'y a qu'à regarder le tableau de Rome pour se rendre compte que qqchose cloche.

      Ensuite, il y a la programmation. Rafa et DelPo en second match... Mais il fallait l'oser, quand même ! Rafa avait joué en doubles, et DelPo avait commencé le tournoi tardivement. Dans ces conditions, assigner leur rencontre en second équivalait à décerner les médailles d'or et de bronze illico.

      La carrière du musérable continue sous le signe du vautour : il remporte tous ses titres majeurs dans des conditions très favorables, contre des adversaires exténués d'habitude, devant son public, etc.

      De plus, si l'on pense que les joueurs ne savent pas ce qui se passe, on se goure lourdement, et je ne serais pas surpris qu'il y ait des convulsions dans l'ATP. Tiens, je vais changer le titre du blogue...

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  5. Je me rappelle la victoire de Murray en finale du US Open il y a quelques années contre un Djokovic qui avait très, très mal réagi aux forts vents. Effectivement, il est très, très chanceux.

    Pour revenir au tournoi olympique, j'ai appris hier que ça se jouait au meilleur des cinq manches. L'argentin n'avais aucune chance. D'ailleurs, il paraissait très fatigué et on était encore loin de la fin du match.

    Encore un tournoi mal ficelé; si la finale était un trois de cinq sets, on aurait dû donner une journée de repos entre les demis et la finale. Ca aurait égaliser les choses.

    En tout cas, c'est terminé et on revient au calendrier régulier de l'ATP. J'espère que Djokovic va revenir en grande forme pour botter le cul à Murray.

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    1. Cher Apo,

      que le vainqueur soit Novak, Andy, Rafa, DelPo, Fed, Kei... peu importe. Ce qui compte est que la programmation soit mieux faite, pour ne pas favoriser un joueur au détriment des autres ; les compromis sont nécessaires -- mais on devrait garder un sens aigu de l'équité.

      D'un autre côté, il n'y a pas seulement la programmation : le tirage sent le soufre.

      J'ai récemment posté en anglais les règles du tableau de Roland Garros. La règle principale du tirage était que Rafa et Novak devaient se rencontrer le plus tôt possible. Depuis 2007, donc en dix ans, il n'y a eu qu'une exception (en 2009, après cette fameuse demie de Madrid).

      Quand à Murray, quoi que j'en pense, c'est un excellent joueur. Il n'est certes pas du niveau du « big three » comme les résultats en atteste, mais il en est assez près. J'ai très mal digéré cette finale de 2012, mais si Andy a eu de la chance, il l'avait amplement mérité.Par contre, ce qui se passe en 2016 provoque la nausée.

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  6. Bien que j'adhère à la terminologie, j'ai modifié le "muzzerable" pour "Murray" sur le site FB des As par souci d'authenticité puisque je ne suis pas à l'origine de cette expression. Autrement, je m'abstiens d'intervenir ici simplement parce que je ne pardonne pas à mat4 ou autre épithète (Stein)... de s'être présenté sur le site de Van en prétendant carrément avoir de graves problèmes de santé dans son dernier billet sans jamais répondre aux inquiétudes exprimées par la suite, notamment par moi-même ainsi que par Jazz...

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    1. Je suis désolé, 3D. Je n'ai jamais lu ces messages, et je m'excuse de n'y avoir pas répondu.

      Ma santé est inchangée et instable : j'ai des troubles de cœur (hypertension, lipothymie, palpitations) causés probablement par un stress chronique et une fatigue généralisée et une prise de poids liée à ce stress. Je tiens un régime qui m'a permis de perdre 15 kg, et j'ai dû changer mon poste de travail après un congé maladie.

      Je me sens mieux, mais à cause de l'hypertension, les parois des ventricules ont hypertrophié. Les malaises se sont faits plus rares, mais je ne peux plus me passer de médicaments. Ce qui est troublant, c'est que les résultats des analyses sanguines sont excellents.

      Cette condition explique non seulement ce blog, mais l'autre aussi ; la procrastination me faisait remettre à des jours « meilleurs » tout ce qui m'intéressait pour me consacrer exclusivement au travail. Depuis, je passe beaucoup plus de temps avec mes enfants, j'écris à nouveau, je suis même revenu sur les courts de tennis non pas pour jouer -- je ne le peux pas -- mais pour entraîner des gosses.

      Finalement -- David Stein est inspiré par le fameux joueur d'échecs David Bronstein, dont j'adorais le jeu. David est un de mes prénoms, de plus.

      Je te prie encore une fois de me pardonner.

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